Pourvu que le sacrifice en vaille la peine !

 

Le 28 février passé, pendant que les préoccupations de la majorité silencieuse des guinéens étaient quasiment ailleurs, le Président de la Transition, le Général Mamadi Doumbouya, a décidé de nommer à la Primature un homme appartenant au sérail politique, en l’occurrence Amadou Oury Bah…

 

Le politique succède ainsi au poste de Premier ministre, Chef de gouvernement, Dr Bernard Goumou. Lequel a remplacé le Premier ministre Mohamed Béavogui.

Bah Oury, pour tous ceux qui le savent, est loin d’être un illustre inconnu, surtout sur l’échiquier politique national.   Fondateur de l’actuelle Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), á la tête de laquelle s’est installé l’indéboulonnable Cellou Dalein Diallo depuis plus d’une décennie, il a dû se résoudre à créer une nouvelle formation politique. Et cela, après de lourdes incompréhensions qui ont même coûté la vie à un journaliste au siège du parti.

Dans sa carrière politique, le nouveau Premier ministre guinéen a eu à batailler dur du côté de l’opposition sans très souvent vouloir trop tergiverser face à des sujets brûlants des moments. Au point que certains détracteurs de Bah Oury le percevront par moments comme un ‘’extrémiste’’, ou tout au moins comme un ‘’jusqu’au-boutiste’’. Sauf que certaines péripéties de l’histoire plus ou moins récentes de la Guinée en ont décidément un peu autrement.

A en croire en tout cas pas mal d’observateurs de la scène politique guinéenne, depuis son divorce avec Cellou Dalein Diallo, Amadou Oury Bah ne conjugue plus exactement les mêmes verbes avec pas mal de ses pairs de l’opposition. C’est bien pourquoi,  ces derniers n’ont rien vu d’extraordinaire ou de surprenant aux faits que Bah Oury ait progressivement donné l’impression d’être moins catégorique avec le régime déchu du Pr Alpha Condé,  et plus aujourd’hui encore avec celui du CNRD du Général Mamadi Doumbouya.

Ce n’est certainement pas donc superflu si le Patron de la Transition a jeté sur lui son dévolu et à un moment assez crucial de la vie sociopolitique et économique du pays. En tenant évidemment compte de son bagage politique, il ne serait aucunement exagéré de penser que Bah Oury, toutes proportions gardées toutefois, fait parti des leaders politiques qui comptent depuis quelques bonnes années en Guinée.

A en croire certains de ses proches militants, et c’est de bonne guerre, il serait même devenu présidentiable. Exagération ou pas, c’est qu’au seuil peut-être bien de sa relative longue carrière politique, Amadou Oury Bah, comme ce fut un peu le cas de feu Jean-Marie Doré, a apparemment choisi de jeter l’éponge avant sans doute l’un de ses ultimes combats, celui de briguer la magistrature suprême au terme de la Transition en cours.

Il va sans dire qu’en acceptant la main tendue du Général Mamadi Doumbouya, il ne pourra pas candidater à la faveur des prochaines élections présidentielles. Une décision assimilable à un sacrifice ou est-ce la résultante plutôt d’un réalisme politique ? Autant de questions que les uns, les autres pourraient légitimement se poser.

Et s’il s’agissait d’un sacrifice en vue d’aider son pays à sortir de l’ornière à un moment des plus critiques de son histoire démocratique, dans ce cas il faudrait espérer qu’il vaille bien la peine d’être consenti. Mais la satisfaction ne pourrait probablement être au bout que s’il opérait aux côtés du Général Mamadi la mue nécessaire à l’aboutissement à des élections libres, inclusives, transparentes et crédibles.

Moussa Soumah