Reporters sans frontières (RSF) appelle les autorités sierra léonaises à garantir aux journalistes la possibilité de couvrir les élections générales du week-end prochain sans crainte de représailles et sans coupure de l’Internet.
Les médias sierra-léonais doivent pouvoir couvrir les élections générales de ce  24 juin sans craindre pour la sécurité de leurs journalistes et sans rencontrer de problèmes majeurs  de diffusion sur internet.

Que ce soit les journalistes, les acteurs de la société civile ou les défenseurs des droits humains, tous expriment  leur crainte de voir des coupures d’Internet se reproduire comme ce fut le cas pendant les violentes manifestations sociales d’août 2022 ou lors de la pandémie de Covid-19. RSF et une coalition de 44 organisations ont, à ce titre, dans une lettre ouverte datée du 16 juin 2023, appelé le gouvernement à “maintenir les plateformes internet et les médias sociaux ouverts, sécurisés, inclusifs et accessibles avant, pendant et après les élections générales du 24 juin 2023”.

De récentes violations graves de la liberté d’informer font par ailleurs craindre de nouvelles violences au moment des élections.

Le correspondant de la BBC Umaru Fofana a été brutalisé et menacé par des membres du parti d’opposition APC (Congrès du peuple) alors qu’il couvrait leur manifestation politique le 14 juin 2023. Il n’a dû son salut qu’à l’intervention d’un autre journaliste et de quelques personnes. Le parti APC n’a pas encore publiquement réagi à cette attaque.

Quelques mois plus tôt, le 28 mars 2023, le journaliste Alie Melvin Tokowa, de la radio Fountain of Peace, a été agressé par sept partisans d’un responsable local du Parti du peuple sierra léonais (SPP, le parti au pouvoir). L’incident a eu lieu dans la ville de Moyamba, au sud du pays où il couvrait un événement. Contacté par RSF, il explique avoir été battu pendant une quinzaine de minutes jusqu’à “perdre connaissance” et avoir été “transporté à l’hôpital de Freetown”. Il se plaignait “toujours de douleurs jusqu’à la mi-avril”.

« Nous condamnons les agressions des journalistes et demandons aux autorités d’identifier et de traduire en justice les coupables. Les acteurs politiques de tous les partis doivent respecter le travail des journalistes notamment pendant ces moments importants de la vie démocratique du pays. Les autorités doivent par ailleurs veiller à ce que l’accès à Internet et aux plateformes numériques, qui facilite la couverture journalistique des élections, ne soit pas bloqué. » déclare Sadibou Marong, directeur du bureau Afrique subsaharienne de RSF.

Élu pour un mandat de cinq ans en 2018, le président Julius Maada Bio est candidat à sa propre succession. Le parlement de 135 sièges et les 493 conseillers municipaux devront également être renouvelés à l’issue des élections.

Pendant la mandature, le président Bio a dépénalisé les délits de presse et mis  en place la Commission indépendante des médias  (IMC en anglais) qui a pour mandat de réguler les médias de masse et de gérer l’octroi des fréquences.

RSF considère que quiconque sera élu le week-end prochain devra, sans délai, relever les défis économiques qui se posent aux médias et qui limitent leur capacité à produire du contenu utile à l’intérêt public. Il devra aussi promouvoir et protéger la liberté, la viabilité et la durabilité des médias, assurer la sécurité des journalistes, faire progresser l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes journalistes et renforcer leurs  capacités.

La Sierra Leone occupe la 74e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2023 par RSF.

REPORTERS SANS FRONTIÈRES / REPORTERS WITHOUT BORDERS
Sadibou Marong