Une double scène s’est produite l’autre semaine dans la capitale des agrumes, Kindia, à une centaine de kilomètres seulement de la capitale Conakry. Et les images y afférant, produites par une chaine de télévision de la place, faisaient plutôt froid dans le dos. Visiblement, il s’agissait d’un braquage, digne d’un film hollywoodien, qui a très mal tourné. En plus d’un jeune père de famille qui a reçu une balle mortelle dans la tête, l’un des braqueurs lui, a fait les frais de la vindicte populaire, ayant été lynché avant d’être brûlé vif. En matière légale, on voudrait se rendre justice qu’on ne s’y prendrait pas autrement. Et ce ne peut évidemment être que dommageable dans un Etat se voulant respectueux du droit.

Au-delà des condamnations que cette forme particulière de ‘’procès expéditif’’ peut susciter, il y a à notre sens un problème, des plus graves cela s’entend. Pour la petite histoire, ce n’est ni la première fois, encore moins la seconde, que des populations guinéennes sans doute désabusées, voire excédées, en arrivent à se rendre justice elles-mêmes. Dans les années 90, voire même durant celles qui ont suivi, des coupeurs de route et autres malfrats ont auparavant fait eux-aussi les frais de la vindicte populaire. Pour ce qu’il est des raisons profondes, elles ont souvent pratiquement été les mêmes.

Plus ou moins convaincus que les Pouvoirs publics ne pouvaient pas les mettre à abri de l’insécurité galopante, des compatriotes se sont inconsciemment substitués à la justice. En agissant ainsi, ils n’étaient certainement pas tout à fait conscients des dérives qui pouvaient résulter de leurs actes donnés le plus souvent pour être irréfléchis, voire instinctifs.

La Guinée vit aujourd’hui sous l’ère de la « refondation » et des « rectifications institutionnelles » initiée par le CNRD du Colonel Mamadi Doumbouya. Les mêmes causes produisant souvent les mêmes effets, pour éviter que des populations soient de nouveau tentées de se rendre justice elles-mêmes, tout doit conséquemment être mis en œuvre pour apporter les corrections, toutes les corrections nécessaires.

Le tout ne serait toutefois pas de mener la chasse aux malfrats. Une fois condamnés, il faudrait bien qu’ils purgent effectivement leurs peines. Les patrouilles de police et de gendarmerie doivent certes être efficaces et dissuasives. Pour ce faire, il importe que les populations soient sensibilisées à la coopération et collaboration avec les forces de sécurité. Ainsi, pourrait-on espérer ne plus jamais à devoir revivre les images de braquages mortels, suivies de mises à mort par la foule comme ce fut tout récemment le cas à Kindia.

        La rédaction

du journal Lestandard