L’affaire des 22.500.000 $US qui a opposé le capitatine Moussa Dadis Camara et Sekouba Konaté a suscité beaucoup d’interrogation au temps du régime CNDD et celui d’Alpha Condé. Onipogui Alhassane ancien ministre à la présidence chargé du contrôle d’Etat sous le régime du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD) présentement inspecteur Général d’Etat à la présidence de la République, a accordé cette semaine une interview exclusive à notre rédaction au cours de laquelle il s’est largement exprimé notamment dans l’affaire des vingt-deux millions cinq cent mille dollars (22.500.000 $US), opposant l’ex président Moussa Dadis Camara et son ministre chargé de défense Sékouba Konaté.

A l’entame de ses propos, M. Alhassane Onipogui a rappelé qu’en 2008, il était inspecteur général des mines et de la géologie sous le régime général Lansana Conté. A cette époque dit-il j’ai fait un audit dans les sociétés minières notamment la Société Aurifère de Guinée filiale d’AngloGold Ashanti.

« J’ai trouvé que la SAG avait éludé les droits fiscaux de l’Etat. Notamment le Bénéfice Industriel et Commerciaux (BIC) qu’il (SAG) avait éludé pour plusieurs années. C’est la somme de ces montants qui faisait au total vingt-deux millions cinq cent mille dollars (22.500.000 $US) précisément. Je leur ai redressé fiscalement et j’ai produit le rapport d’audit pour le ministère des mines dont je ne sais plus bien, entre Ahmed Kanté ou Sylla qui était ministre à l’époque. J’ai produit le rapport et puis j’ai fait les suggestions disons, au redressement parce qu’il (le rapport) devrait être transmis à la direction des impôts qui devait se mettre en rapport avec la société pour encaisser le montant. Entretemps, je crois qu’il y a eu entente entre le ministère des mines et la SAG. Un beau matin je me suis retrouvé démis de mes fonctions par un arrêté du ministre sans raison. C’était en 2008. Donc je suis resté à la maison mais, j’avais des pressentiments, je me suis dit qu’effectivement c’est à cause du dossier de la SAG que j’ai été démis de mes fonctions. Si on me démet de mes fonctions d’inspecteur général sans raison, c’est qu’il y a bien une raison, c’est que j’ai soulevé un lièvre à la SAG et les gens veulent se partager les ‘’soues’’ », déplore-t-il.

Poursuivant, notre interviewé a notifié qu’il est resté deux mois à trois mois à la maison mais, les choses se faisant, puisqu’il avait déjà le contact du général Sékouba Konaté qui était au BATA à l’époque qui venait me rendre visite de temps en temps.

« En cette période le feu général Lansana Conté aussi était malade et Sékouba m’encourageait en me disant de toutes les façons, ils t’ont enlevé à ton poste mais, il faut garder patience parce que le président est très malade, s’il (Lansana Conté) décède peut-être, on va prendre le pouvoir. Trois jours avant le décès du président Lansana Conté, j’ai fait la connaissance du président capitaine Moussa Dadis Camara à travers mon beau-frère le colonel Amara Samaké de l’aviation militaire. J’ai été présenté à Dadis, on a conversé, il (Dadis) m’a dit compte tenu de ma formation, mes diplômes vraiment, qu’il (Dadis) ne me lâchait pas, au cas où les choses changeaient, il me fera appel NDRL…. Un beau matin, je fus informé du décès du président Lansana Conté par mon fils qui, m’a dit qu’il y a la musique des militaires qui passe à la télévision guinéenne, il paraît que les militaires ont pris le pouvoir. Puisque j’avais échangé avec Sékouba Konaté, je suis allé au camp directement. J’ai appelé le général Sékouba Konaté qui était au BATA, on m’a fait entrer dans son bureau. C’est ainsi qu’il m’a pris et m’a conduit chez le président Dadis. Entre temps, ils (Sékouba et Dadis) m’ont dit qu’est-ce qu’il faut réellement faire du fait qu’on a pris le pouvoir et, nous ne sommes pas des administrateurs. J’ai commencé à les monter les préalables d’abord (l’état général des lieux, arrêté les comptes, faire la situation générale de la banque centrale etc…), explique-t-il.

Et d’ajouter ceci : « Au cours de mon intervention, la télévision nationale a filmé tout ce que je disais et je crois que c’est cet extrait de mon passage là que la direction de la SAG a vu et connaissant qu’elle avait trempé dans un dossier notamment le dossier des 22.500.000 dollars $US, ils (SAG) ont pris leur avion, ils sont venus à Conakry. Pratiquement, je ne sais pas comment ils (SAG) m’ont identifié, quelqu’un m’a dit que des gens auraient besoin de moi. Donc je suis sorti, ils m’ont remis le chèque des 22.500.000 dollars $US. C’est ce chèque que j’ai remis au président Dadis, en présence du gouverneur de la banque centrale de l’époque Alhassane Barry, le général Sékouba Konaté en leurs disant que c’est un redressement fiscal que j’ai fait à la SAG dont on m’avait même démis de mes fonctions ».

Pour clore, M. Onipogui a indiqué par la suite, il y’a eu un meeting que le président Dadis a organisé au palais du peuple au cours de laquelle il a fait allusion à ce chèque, il a montré la copie, soit la quittance de ce chèque.

« Il m’a désigné comme auteur du recouvrement de ce chèque et il a félicité le ministère du contrôle d’Etat et l’agent judiciaire de l’Etat qui ont fait des efforts pour faire ce recouvrement. Il (Dadis) a fait aussi allusion à l’ensemble des recouvrements que j’ai fait en trois mois à la tête du ministère du contrôle d’État à la présidence. C’est-à-dire les sept cent cinquante-cinq milliards 755.000.000.000 de francs guinéens de recouvrements au titre des grands détournements plus les 22.500.000 dollars $US. Voilà pour la petite histoire ce que je voulais dire », laisse-t-il entendre.

Propos recueillis par Bourgeois Keïta

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