Le CNRD est de fait au pouvoir depuis le 05 septembre 2021. Cependant que la durée de mandat validée par la CEDEAO est de deux ans. Et elle a commencé à courir depuis le début de janvier 2023. Aux côtés des 10 points inscrits dans son chronogramme, le Colonel Mamadi Doumbouya et ses proches collaborateurs entendent poursuivre,  voire réaliser quelques grosses œuvres. Sans compter les nombreuses réformes institutionnelles auxquelles ils entendent procéder…

L’heure n’est peut-être pas encore au bilan, étant donné que l’horloge de la mandature a, en quelque sorte, été reprogrammée. Cependant qu’il faudrait reconnaitre que depuis le 05 septembre 2021, le Colonel Mamadi Doumbouya et ses proches collaborateurs sont en train de faire du chemin. A la satisfaction d’ailleurs de certains de leurs compatriotes, surtout ceux qui avaient fini par vomir le régime déchu du Professeur-président. Beaucoup d’entre eux ne nient pas le fait que le Pr Alpha Condé avait certes réussi à réaliser de grosses œuvres, mais la mal gouvernance avait fini par entraver pas mal de ses efforts. Aussi, la politique du Colonel-président qui consiste à récupérer les biens de l’Etat ou même à mener une lutte sans merci contre la corruption est-elle adulée çà et là, y compris à des niveaux parfois insoupçonnés. Que ce soit en termes d’infrastructures routières, de constructions d’échangeurs ou de ponts, sans compter l’éclairage public, la machine de la « refondation » est en marche. Elle a cependant beau réaliser des exploits, il va lui falloir certainement du temps. Tant, de toute évidence, il reste encore beaucoup à faire. Et pas que dans le domaine des réalisations. A côté, il y a aussi les reformes institutionnelles. Le chapelet de décrets présidentiels égrené depuis le 05 septembre en dit long sur les changements et modifications apportés, même au niveau de l’existant, ce qui était là pendant le régime déchu du Professeur-président.

Le tout, selon des observateurs avertis, n’est cependant pas de créer, il faudranécessairement consolider. Et certains actes, lorsqu’ils présentent des résultats probants mériteraient qu’ils résistent à l’épreuve du temps, celle surtout des conjectures politiques. Or, il se trouve hélas que la Transition en cours, y compris les mandats traditionnels accordés par le suffrage universel, sont tributaires non seulement du temps, mais surtout des programmes politiques.

Il ne faut le perdre de vue, le régime du Colonel Mamadi Doumbouya a beau réaliser des exploits, il devra nécessairement s’inscrire dans la durée, étant amené à prendre fin tôt ou tard. Pour ce faire, il faudrait bien qu’ils emportent le quitus des successeurs. Lesquels, comme le voudraient aussi les vertus de la démocratie, auront toute la latitude de poursuivre ou de ne pas poursuivre des œuvres qui n’emporteraient pas leurs assentiments, qui ne cadreraient pas avec leurs programmes politiques.

A ce niveau, il conviendrait de noter que la Guinée a plus ou moins fait l’amère expérience des changements successifs qui se sont opérés à sa tête.

A l’avènement ainsi du Comité Militaire du Redressement National (CMRN) du Colonel Lansana Conté, les œuvres ou réalisations de la ‘’révolution’’ ont quasiment toutes été jetées à l’eau comme s’il n’y avait strictement rien à se mettre sous la dent. C’est ainsi que l’embryon industriel a quasiment été sacrifié.

Répétition ou mimétisme de l’histoire, à l’avènement du CNDD du Capitaine Moussa Dadis Camara, comme ont ironisé certains de nos compatriotes, « on a encore jeté le bébé avec l’eau de bain ». L’arrivée du Colonel Mamadi Doumbouya ne fait peut-être pas dans la même répétition. Mais en décrétant la politique du « non recyclage », on ne passe plus tellement loin de la même attitude de rejet systématique. Conséquemment envisageable, il n’est pas certain du tout que beaucoup d’actes et reformes posés sous l’ère du CNRD résistent à l’épreuve des changements politiques. Ce qui en soi n’est pas forcément un motif de réconfort moral ou de satisfaction. Tant, en dépit de tout ce qu’on pourrait penser du pouvoir militaire actuel, il y a qu’il a entrepris quelques bonnes œuvres qu’on pourrait qualifier de « salut public » qui mériteraient à bien d’égards d’être préservées. Auraient-elles seulement une chance de survivre si en cette période exceptionnelle de transition, le fossé de l’incompréhension continue de s’élargir ? Difficile en la matière d’adopter une posture optimiste…

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