La question, depuis l’accession du CNRD du Colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir le 05 septembre 2021, n’a peut-être revêtu une aussi grande importance que maintenant. Qu’il parait du reste assez lointain, le moment des applaudissements à tout rompre, à la suite de la chute du Pr Alpha Condé…

La question est d’une préoccupation nationale, ou tout au moins devrait l’être, selon plusieurs observateurs avertis de la scène politique guinéenne. Cette question, elle a, bien sûr, principalement trait à l’état des lieux d’une transition annoncée sous des chapeaux de roue, conçue au tout début pour être la toute dernière devant définitivement mettre fin aux coups d’Etat militaires dans le pays.

Point besoin, naturellement, d’être un technicien en la matière, voire un fervent politologue, pour dire qu’un peu plus de deux ans après l’accession du CNRD du Colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir en Guinée, et à presqu’un an du début officiel d’une transition devant en compter deux, les choses ont plutôt l’air d’avancer à pas de caméléon, si elles ne sont quasiment pas au point mort.

Tout au plus un montant modique mobilisé sur une bagatelle de plusieurs centaines de millions de dollar Us nécessaires pour financer la transition. Un Conseil national de la transition ayant juste annoncé les premières couleurs pour parvenir à une nouvelle Constitution pour le pays. Pour le reste pratiquement, des volontés renouvelées, un certain engagement presque sur les bouts des lèvres à tenir le cap.

Vraiment difficile dans les conditions actuelles de reprocher à une bonne partie de la classe politique de s’en émouvoir, pire, de ne plus tellement y croire. A ce niveau, quoique n’étant peut-être pas des plus déterminants, l’accent récemment mis par le Président de la transition sur les projections de développement pour le pays à l’occasion de son adresse à la nation le 1er octobre passé, a posé plus d’interrogations, qu’il n’aura apporté de réponses à des préoccupations somme toute légitimes.

Et ce n’est pas tellement que des politiciens assoiffés d’accéder au pouvoir voudraient voir les choses aller à la vitesse de l’éclair. Il est plutôt d’une évidence criarde que si la Guinée entend sortir de sa transition dans le délai requis de 2 ans, au vu du rythme actuel imprimé à de nécessaires préparatifs, elle est on ne peut mal barrée, autrement dit en retard. Pour dire les choses plus clairement, c’est le temps qui risque dorénavant de beaucoup compter pour la transition guinéenne. D’immenses tâches restant à accomplir par rapport à la tenue des élections, étape-clé du retour à l’ordre constitutionnel.

A moins d’un an et demi de la fin officielle de la transition, pas encore d’accords sur les règles du jeu démocratique entre acteurs incontournables du processus, point de budget électoral consolidé, pas de recensement électoral en vue, a fortiori de fichier consensuel et accepté de tous. Même l’obtention d’une simple carte d’identité biométrique relève partout aujourd’hui sur le territoire national du parcours du combattant.

Pour autant, on ne donne point l’air du tout d’être préoccupé du côté des tenants du pouvoir. De quoi consterner davantage une franche importante de la classe politique qui ne sait pratiquement plus à quelle solution recourir. Surtout que la CEDEAO, l’organisation sous régionale ouest-africaine, parait presque réduite à la portion congrue dans son éventuel rôle de médiateur dans une crise guinéenne qui a fini par en devenir véritablement une.

La transition guinéenne est-elle aujourd’hui dans une impasse ? Il se peut qu’elle le soit, mais pas encore totalement, dirions-nous. Sauf que le silence pesant des plus hautes autorités du pays risque peut-être de l’y entrainer prochainement. Ce qui serait, évidemment, des plus dommageables pour notre jeune démocratie.

In Standard 578