Parmi toutes les promesses faites dans le feu de l’action, une du Colonel Mamadi Doumbouya a particulièrement retenu les attentions, celle surtout des défenseurs des droits humains. « La justice sera la boussole de la Transition », a-t-il solennellement déclaré.

En dépit des conjectures politiques, nous pensons que cette promesse, pleine de sens, devrait être suivie d’effets, à tous les instants, toutes les occasions, au bénéfice de tout le monde. En intégrant le fait sacré que « tout le monde a droit à un procès équitable ». Comme tous d’ailleurs, à savoir les citoyens de notre monde, doivent bénéficier d’un bon traitement, non dégradant. Violer ainsi le moindre de leurs droits, pourrait, dans un Etat de droit, prêter à une lourde conséquence. Pour qui sait par exemple qu’en matière de procès juste et équitable, « la forme commande le fond ».

Tout cela dit, c’est pour en venir en fait aux événements tragiques qui ont secoué la capitale guinéenne le 4 novembre passé. Une opération commando a été perpétrée ce jour-là dans la plus grande prison du pays, située au cœur du centre administratif et des affaires de Conakry. Elle a eu pour effet dans un premier temps, l’exfiltration de quatre accusés de taille dans le procès dit du 28 septembre. Dans un second, trois d’entre eux, des ex-barrons du régime du Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD), dont l’ex-chef de la junte le Capitaine Moussa Dadis Camara, ont pu être rattrapés et ramenés dans leurs cellules. Leurs avocats soutenant toutefois que leurs clients auraient plutôt été enlevés malgré eux.

Qu’à cela ne tienne, telles que les choses se sont déroulées, il fallait craindre des dérapages qu’on aurait pu mettre d’emblée au compte des ‘’dommages collatéraux’’. C’est certainement pour cette raison que des voix se sont vite élevées, à l’international comme à l’intérieur du pays, pour en appeler malgré la gravité des faits au strict respect des procédures légales. Tout porte à croire qu’elles ne sont survenues assez tôt pour éviter que ne soient produites dans la foulée dans ou sur certains médias des images qui ont en partie choqué l’opinion nationale. Ce sont celles ayant montré à la télévision nationale un Capitaine Moussa Dadis Camara loin certainement de ses grands jours de gloire de Président de la Transition, ou un Colonel Moussa Tiégboro Camara remarquable du fait surtout des chaussures différentes qu’il avait à ses pieds.

Evidemment que si le but était finalement de montrer à toute l’opinion que les « évadés » avaient été bel et bien repris, on aurait pu procéder autrement. Surtout qu’il y a eu cette confidence faite par Me Jocamey Haba, avocat du Capitaine-président, sur les ondes de la radio privée ‘’Fim Fm’’ le lundi 6 novembre passé, au sujet bien entendu de son client, le Capitaine Moussa Dadis Camara. Petit extrait : « Il a été traité devant moi avec tous les honneurs. On était avec le Colonel Blaise. J’ai vu le Procureur du Tribunal de Première Instance de Kaloum pour l’enquête. C’est là que j’ai vu des journalistes venir vers nous pour les photos. Le Président Dadis s’est levé pour dire ne le faites pas. J’ai insisté sur son droit à la vie privée, à son image. Vous n’avez pas droit de nous filmer comme ça. Le Procureur s’est impliqué, ils nous ont filmés… ».

Au-delà de cette situation du reste assez édifiante, il y a aussi qu’à la faveur de la traque des assaillants, suite à l’opération commando sur la Maison Centrale de Conakry, il y a eu certaines situations malencontreuses frisant la violation de droits de citoyens. Certes, la perquisition à un domicile privé est légale. Cependant qu’elle devra être strictement encadrée par la loi. Aucune dérogation n’est possible à ce strict respect. Il s’est hélas trouvé encore des citoyens à se plaindre de traitements dégradants à la faveur de cette traque.

Bien évidemment que le respect des droits humains ne devrait pas s’appliquer qu’aux seuls éléments des forces de défense et de sécurité. Il doit incomber aussi aux journalistes. Lesquels devraient être particulièrement attentifs au fait que tout accusé est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit définitivement établie par les cours et tribunaux, à travers un procès juste et équitable. A chaque entité sociale, politique et économique, de veiller donc sur les exigences de ses propres engagements.

In Standard 584