Une fois n’est pas coutume. Comme vous devriez le savoir maintenant, chers fidèles lecteurs assidus de ce semainier, de temps à autre, nous essayons de coller à l’actualité brûlante, en donnant souvent la priorité à ce qui se passe tout naturellement dans notre cher pays, la Guinée.

Chez nous, justement l’heure est manifestement à la gestion périlleuse de graves conséquences ayant plus ou moins résulté du vaste incendie qui s’est déclaré au terminal pétrolier de Conakry. Directement lié ou non, il se passe que depuis quelques jours, une nouvelle flambée des prix des denrées de grande consommation semble s’être déclarée sur nos marchés. Et le riz qui en constitue l’une des principales ne se livre plus au même coût. Les autorités de la transition en ont manifestement conscience puisqu’elles n’ont visiblement pas attendu longtemps pour tenter de prévenir le danger. Il n’est peut-être pas encore patent, ce danger. Mais il reste que la question de flambée des prix, si elle se confirmait dans les prochains jours malgré tout, viendrait s’ajouter à bien d’autres malaises qui assaillent de plus en plus les populations guinéennes.

Parmi ces malaises, bien entendu, le grand retour des délestages d’électricité, la piètre qualité de la connexion internet et la réduction drastique de la diversité des canaux d’information à travers le brouillage des ondes, la quasi-impossibilité de suivre des émissions de grande écoute de certaines stations de radio privée.

A ces besoins élémentaires, il y a lieu d’ajouter cet autre malaise lié à la crise politique qui tend à s’enliser dans notre pays. A vrai dire, en dehors de quelques déclarations de bonnes intentions de la part des autorités de la transition, il n’y a pas grand-chose de potable à pouvoir faire espérer la majorité silencieuse des guinéens. Qu’il s’agisse des conditions préalables à l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes, ou de la mise en place de délégations spéciales, tout est devenu presque sujet à grande polémique. Au grand désespoir d’une Guinée qui s’est mise à rêver le temps d’un profond changement de cap annoncé tambour battant.

Sur la scène sous-régionale, comment ne pas revenir sur cette décision unilatérale des juntes burkinabé, malienne et nigérienne de vouloir abandonner le navire CEDEAO en grandes eaux troubles ! Au-delà même des considérations ou visées purement politiciennes, c’est avant tout de la vie et des habitudes de populations avoisinant les 70 millions selon une certaine source qu’il devrait s’agir. Il n’y a qu’à prendre des villages ou villes frontalières entre certains pays de la CEDEAO. Des deux côtés des frontières, ce sont quasiment souvent les mêmes populations, pour ne pas dire quasiment les mêmes ethnies. Que pourrait-il bien advenir des relations séculaires entre ces populations si elles devraient être de nouveau artificiellement séparées ? La question vaut certainement son pesant. Elle, comme bien d’autres se posant déjà ou qui se poseront inéluctablement, doivent trouver des réponses claires et nettes pour rassurer. Dans un monde tendant depuis quelque temps à devenir un village planétaire, à un moment ou des nations plus faibles cherchent à s’abriter à l’intérieur d’entités plus fortes, il y a de ces décisions comme celle relative au « retrait immédiat de la troïka de la CEDEAO » qui pourraient avoir des conséquences inimaginables.

Ceux ou celles des nôtres ou des observateurs qui pensent au vu de ce qui se trame dans notre pays et ailleurs dans la sous-région, que d’une situation alambiquée, on tendrait hélas à d’autres qui le seraient plus, n’ont peut-être pas tout à fait tort hélas.

In Standard 597