Une quinzaine de personnes ont été tuées ces deux derniers jours par deux groupes armés en Ituri, province du nord-est de la République démocratique du Congo (RDC) où, selon l’ONU, plus de 300 civils ont été massacrés depuis début décembre.

La milice communautaire CODECO (Coopérative pour le développement du Congo) est accusée d’avoir attaqué mercredi le village de Drodro, dans le territoire de Djugu. Les miliciens y ont tué six personnes et en ont blessé plusieurs autres à coups de machette, dont un laborantin de l’hôpital, a indiqué Charité Banza, président de la société civile de la chefferie (regroupement de villages) de Bahema Nord.

Selon lui, des miliciens CODECO ont aussi tué trois autres personnes jeudi dans le village de Ng’le, à une trentaine de km de là, dans le même territoire. « Ce qui fait neuf morts en deux jours » en Ituri, a-t-il déploré.

La CODECO est une milice de plusieurs milliers d’hommes qui affirme protéger la tribu Lendu face à une tribu rivale, les Hema, défendus par une autre milice, les « Zaïre ».

Par ailleurs, dans le territoire d’Irumu de la même province, six civils ont été tués jeudi dans la chefferie de Basili, selon une source humanitaire. Cette fois, ce sont les rebelles ADF (Forces démocratiques alliées), affiliés au groupe djihadiste Etat islamique, qui sont accusés.

Samedi dernier, plus d’une trentaine de personnes, dont de nombreuses femmes et des enfants, avaient été massacrées dans plusieurs villages d’Ituri. Les miliciens CODECO ont été accusés de cette tuerie.

Depuis la fin de l’année dernière, les morts se comptent par dizaines presque chaque semaine en Ituri.

« Trop c’est trop, il y a eu trop de sang, trop de souffrances », a déclaré mardi à Bunia, chef-lieu de la province, Karna Soro, chef du bureau pour l’Ituri de la MONUSCO (mission de l’ONU en RDC). « Entre le 1er décembre et aujourd’hui, nous sommes à 310 morts dont 60 enfants », a-t-il dit, à l’occasion d’un « dialogue intracommunautaire Hema ».

Après une décennie d’accalmie, le conflit meurtrier dans la province riche en or entre Hema et Lendu a repris fin 2017, provoquant la fuite de plus d’un million et demi de personnes et la mort de milliers de civils. Le précédent conflit entre milices communautaires avait fait des milliers de morts entre 1999 et 2003, jusqu’à l’intervention d’une force européenne, l’opération Artémis, sous commandement français.

AFP