Les prisons sont de véritables mouroirs presque partout en Guinée, au regard des traitements inhumains infligés aux détenus, entassés dans des cellules exiguës, sous une chaleur écrasante.

Le cas de la maison centrale de Nzérékoré en est une autre parfaite illustration. Sur place, le ministre de la justice a ordonné séance tenante la comparution du régisseur adjoint pour ses nombreux abus et autres tracasseries infligés aux prisonniers.

La mission d’inspection du département de la justice et des droits de l’homme conduite par le ministre Alphonse Charles Wright, révèle une défaillance de la chaîne alimentaire et des nombreux cas de maladie au niveau de la maison centrale de Nzérékoré.

« Nous avons environs une quinzaine de personnes qui se trouvent à l’hôpital, ils sont presque dans un état squelettique. On va dire peut-être que ce sont des gens transférés d’ailleurs mais il y a beaucoup qui sont là qui sont paralysés, qui sont hospitalisés et leurs situations laissent à désirer. Et j’ai pris attache avec la direction de l’hôpital, pratiquement plus de 80% des décès des détenus sont liés à la malnutrition. Et cette prison qui, a peu près regorge environs 3 ou 4% de la population carcérale a enregistré pour l’année 2022, 49% des décès au niveau national à elle seule. Donc, il y a beaucoup de décès dans cette prison »,a révélé Dr Thierno Sadou Diallo, médecin légiste.

Selon le porte-parole de la mission d’inspection, l’autre aspect, plus grave, c’est l’institutionnalisation de la corruption et de la violence dans cette maison carcérale.

«La violence ici, tout monde se plaint du Régisseur Adjoint. Il y a un détenu qui est dans une des cales qui a une luxation du bras. Ici les agents ne violentent pas les détenus. Qu’est ce qu’ils font ? Il y a des chefs de cales. Vous savez, quand on donne des privilèges à un détenu, tout ce qu’on demande au détenu de faire il le fera. Il y a beaucoup de victimes de violences dedans. On les appelle les policiers, mais ce n’est pas la police dehors, ce sont les gestionnaires de la prison qui sont institués à l’intérieur», a-t-il révélé.

Plusieurs autres détenus se sont plaints d’avoir déboursé de l’argent pour être logés dans des cellules plus aérées. C’est le cas des nommés Théa et Donzo qui auraient payé 4.000.000 GNF, pour changer de cellules. Ce phénomène est érigé en règle au niveau de cette prison. «le droit systématique ici c’est 550.000 GNF et c’est depuis avant l’arrivée de cette équipe. Systématiquement, tout entrant paye les 550.000 GNF, ça c’est le droit. En dehors de ça, on cible des personnes qui certainement ont plus de moyens pour leur demander plus. Ceux qui ont payé les 4 millions sont là, j’ai les ai rencontré. Il y a également des gens qui sont victimes de violences. Il y a quelqu’un dans cette cale qui doit normalement faire une radio parce qu’il aurait été agressé devant le régisseur adjoint et sur son instruction », rapporte-t-il.

D’un tout ferme et menaçant, le garde des Sceaux, a menacé de révoquer le procureur général près la cour d’appel de Kankan pour avoir manqué à ses obligations professionnelles au niveau des juridictions relevant de son parquet.

«M. le Procureur Général si ça continue je vous assure, le prochain décret je vais vous relever. Vous avez prêté serment il faut avoir peur de vos serments que de Charles. Charles c’est qui ? Il ne vaut rien. Toi tu fais quoi ici pour les citoyens qui sont à l’intérieur ? Quand tu viens ici c’est 500.000 GNF, sur le fondement de quel droit ? Chaque fois les gens m’appellent à Conakry, les gens meurent, pourquoi ils ne vont pas mourir ? »,a-t-il fustigé.

D’après lui, le procureur général près la cour d’appel de Kankan, devrait plutôt prendre le devant en poursuivant le régisseur adjoint, mais hélas. D’où sa colère.

«Si tu avais fait tout ça, tu m’aurais grandi parce que rien ne peut justifier devant moi que vous faites bien votre travail. Mais M. Fallou, vous sauterez au prochain décret. Au nom de Dieu je continue sur ça dans les autres juridictions, vous allez sauter de votre poste, le procureur qui est là aussi va quitter », a-t-il indiqué.

Il a ordonné à la brigade de recherches de venir prendre le régisseur adjoint et de l’entendre sur PV à l’effet d’être jugé.

À rappeler que la maison centrale de Nzérékoré compte 63 détenus dont 16 femmes.

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