A un moment où l’équipe gouvernementale se devait d’être totalement soudée, tant les défis économico-sociopolitiques sont nombreux à relever, une crise a éclaté au sommet de l’Etat. Que demander de mieux à des médias locaux que d’en faire des choux particulièrement gras.

S’il ne s’agissait que de simples échanges épistolaires ou protocolaires, il n’y aurait finalement que très peu à en dire. Mais il y a que dans la crise qui a éclaté au grand jour, deux hautes personnalités de l’Etat sont concernées, à savoir le Premier ministre, Chef du Gouvernement, et son ministre de la Justice, Garde des Sceaux.

Les termes et tons employés dans leurs courriers respectifs semblent en dire long sur la nature actuelle des rapports particuliers qu’ils entretiennent. Sans être dans les secrets des dieux il y a toutefois qu’en sa qualité de Chef de Gouvernement, Dr Bernard Goumou reste l’autorité immédiate, placée par le Président de la Transition au-dessus de tout membre de son équipe. Sauf que dans un régime présidentiel, le véritable maître des lieux reste incontestablement le Président. Lequel, fort de ses décrets et de son pouvoir discrétionnaire, peut nommer ou renvoyer chacun de ses proches ou éloignés collaborateurs.

Face à ce qui ressemble à une profonde crise au sommet de l’Etat, et sans présumer surtout de la réponse ou attitude que devrait faire observer le Général Mamadi Doumbouya, il y a lieu de rappeler que dans un passé plus ou moins récent, le Président de la Transition n’est pas allé du dos de la cuillère. Face à ce qui ressemblait fort à une désobéissance de leur autorité, une ministre et une secrétaire générale de ministère ont été purement et simplement remerciées.

Certes, il s’agit cette fois-ci d’un ministre d’Etat, visiblement très investi de la confiance du Président, et l’autre Premier ministre, Chef du Gouvernement, qui ne l’est pas du tout moins auprès du Chef de l’Exécutif. D’où le sentiment bien ou mal fondé que le Patron du Palais Mohamed V risque d’avoir du mal à fermement rappeler ces proches collaborateurs à l’ordre sans laisser de traces.

Si et seulement si encore une fois, les choses s’étaient entourées de suffisamment de retenue et de discrétion, le Général Mamadi Doumbouya aurait sans doute pu trancher facilement. Ce n’est évidement pas le cas depuis que les courriers respectifs se sont retrouvés sur la place publique.

In STANDARD 599