FILE - Senegal's President Macky Sall speaks during a plenary session at the COP28 U.N. Climate Summit, Friday, Dec. 1, 2023, in Dubai, United Arab Emirates. Senegalese President Macky Sall on Saturday, Feb. 3, 2024, postponed presidential elections scheduled for Feb. 25, citing controversies over the disqualification of some candidates and allegations of corruption in election-related cases. (AP Photo/Rafiq Maqbool, File)

Rarement, pour ne pas dire jamais, une élection présidentielle n’aura aussi tenu en haleine sur le vieux continent. Jalonnée de bout en bout par diverses crises, les unes aussi graves que les autres. Nous voulons, bien sûr faire allusion à la prochaine élection présidentielle au Sénégal, pays de Macky Sall.

Il y a d’abord eu cette fameuse intention prêtée à tort ou à raison au Président de la République sortant du Sénégal, Macky Sall, de vouloir rempiler pour un troisième mandat. Après avoir observé un mutisme de carpe pendant plusieurs mois parsemés de doute et de protestations de rue, il a fini par montrer pattes blanches. Macky Sall ne sera finalement pas candidat à sa succession. L’information a presque fait le tour du monde, la Une de plusieurs médias internationaux.

Gros hic cependant ! Pendant que le monde démocratique saluait cette sage décision, l’épisode d’une autre candidature s’ouvrait ou se corsait en même temps au pays de la Teranga. Celui relatif  à l’affaire dite « Sonko », du nom d’un jeune loup politique aux dents assez longues pour suffisamment troubler la quiétude dans le camp présidentiel d’en-face.

Au terme de plusieurs empoignades et mouvements de rue, la machine judiciaire sénégalaise a semblé avoir eu bien raison de la détermination du patron du PASTEF, son parti politique. Pour autant, la candidature d’Ousmane Sonko, ne sera pas la seule à être rejetée par la Cour constitutionnelle du Sénégal. Celle du fils Wade, en occurrence Karim Wade, a suivi, sans avoir manqué non plus elle-aussi de susciter la controverse. Alors que l’on croyait, malgré tout, le boulevard grandement ouvert à la tenue de la prochaine élection présidentielle, celle du 25 février 2024, une décision très inhabituelle du Président sortant Macky Sall a surgi comme plusieurs brins de cheveu dans la soupe. Et cela, quasiment à la veille de l’ouverture de la campagne électorale. Il s’agit du report de l’élection présidentielle du 25 février au 15 décembre 2024.

Il n’en fallait pas plus pour rallumer les flammes de la discorde et de la contestation. Et ceux ou celles des observateurs qui espéraient que les honorables députés sénégalais, tous bords confondus, auraient contraint le Président Macky à battre retraite, en ont sans doute largement eu pour leurs désillusions. En absence forcée des députés de l’opposition à l’hémicycle, ceux de la mouvance ont très vite opté pour le passage en force. Un vote ‘’unanime’’ du camp présidentiel comme on sait le faire souvent dans les Républiques bananières.

Ainsi, le Sénégal, un pays ouest-africain connu jusqu’ici pour être un modèle démocratique, est en passe de s’empêtrer dans une situation assez compromettante, voire très risquée.

Si tout au moins, selon maints Constitutionnalistes, le Président sortant Macky Sall s’était accroché à des dispositions constitutionnelles pour agir, les choses ne seraient pas forcement perçues sous un angle assez suspect.

En attendant, ce n’est pas seulement au Sénégal que la contestation semble gronder, y compris dans le cercle présidentiel. Ailleurs, la CEDEAO, les Etats-Unis, et bien d’autres nations démocratiques importantes, demandent à Macky Sall de savoir raison garder. Entendra-t-il raison et à temps ?

Ce qui reste clair, c’est que c’est un énorme risque qu’il prend en choisissant de s’aménager ce qui n’est rien d’autre qu’une rallonge de son mandat présidentiel. Toute chose qui n’est jamais survenue avant lui à la tête du Sénégal, et qui se présente à un moment où la sous-région ouest-africaine semble faire face à une épidémie de coups d’Etat.

Vous avez dit « pari politicien », en voici un pour lequel le Président Macky a l’air d’être déterminé.

La rédaction