En empruntant cet adage du reste bien connu du public, nous n’avons nullement l’intention de porter un jugement de valeur. Cette tâche, vous en conviendrez certainement avec nous, chers lecteurs assidus de ce semainier, ne devant revenir en principe qu’à d’autres personnes bien habilitées, ou mieux placées que nous pour le faire.

Simple démarche de clarification cependant. En s’emparant du pouvoir le 05 septembre 2021, le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) n’avait certainement pas pris la pleine mesure de ce qui l’attendait. Il était clair pourtant qu’au-delà des promesses prises dans la foulée, il y avait en perspective certains gros défis à relever, rimant avec un strict respect des engagements pris en faveur d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Nous disons que ce n’est pas que ces engagements n’ont pas été clairement définis au départ. Non seulement ils l’ont été, en plus ils ont quasiment emporté l’assentiment de plusieurs de nos compatriotes, y compris au sein des classes politique et de la Société civile. Cependant que le plus dur restait à venir, à savoir la juste concrétisation desdits engagements.

Un peu plus de deux ans après, et à un peu plus d’une année de la fin officielle de la durée de la transition, force est aujourd’hui de constater que tous n’ont plus une même lecture des engagements mis en œuvre ou devant l’être encore.

D’un côté, les tenants du régime CNRD qui se satisfont des « exploits » accomplis, de l’autre, tous les déçus de ce même régime en passe de sombrer dans le désenchantement. Et Dieu sait qu’il y a lieu d’en compter pour l’essentiel au sein de notre classe politique. Celle surtout très encline aujourd’hui à ressasser et rappeler constamment les engagements solennellement pris par le Colonel Mamadi Doumbouya et ses compagnons du Groupement des Forces Spéciales au lendemain de leur prise du pouvoir spectaculaire et inattendue.

Quoique non désireux du tout de devoir trancher, il y a tout de même, à notre humble avis, certaines évidences crevant les yeux aujourd’hui en République de Guinée. De ces évidences pourraient tout à fait découler d’ailleurs certaines difficultés des moments, lesquelles n’étaient peut-être pas forcement attendues au début de la belle histoire que promettait le CNRD aux Guinéens de toutes obédiences confondues.

Pour en évoquer sommairement quelques-unes, il y a que de toute évidence la transition se heurte à d’épineuses difficultés financières, étant donné qu’elle a encore sacrément de mal à boucler son budget. En outre, le désir de départ de forger une démarche commune ou consensuelle en vue d’y conférer toute la légitimité et toute la transparence possible se heurte désespérément ces jours-ci à des clivages, à de profondes et différentes approches si ce ne sont désormais carrément des oppositions avérées ou affichées, à une crise de confiance qui n’est pas sans rappeler celle qui a quasiment prévalu durant le pouvoir du Professeur-président.

Evidemment, la bonne question qu’on devrait alors se poser par rapport à tout cela, c’est comment en est-on arrivé à ces stades ?  A l’allure où vont les choses, la transition actuelle partie sur des chapeaux de roue, heurtée ou se heurtant dorénavant à des obstacles majeurs, pourrait-elle connaitre malgré tout un aboutissement heureux ?

Bien entendu qu’il n’est point aisé du tout de répondre à une telle interrogation. Sans préalablement savoir en tout cas les causes exactes des frémissements et gémissements constatés depuis un certain temps.

Pour autant, en décidant en ce qui nous concerne de faire dans l’optimisme, non point un optimisme béat, nous osons croire que le Colonel Mamadi Doumbouya aux commandes de tous les leviers en premier et dernier ressort, a toujours pour lui la possibilité de rectifier d’éventuels faux pas empruntés par sa transition, en conséquence de la remettre sur les rails s’il y a une nécessité. Sauf que son plus grand ennemi pourrait être le temps qui lui est dorénavant imparti. Comme pour dire que s’il dispose effectivement de tout le savoir-faire pour se sortir des engrenages propres à toute gestion du pouvoir comme la nôtre, cela se saura en fin de compte. Car, ne dit-on pas que « c’est au pied du mur qu’on voit le maçon » !

In STANDARD 582