» Je suis foncièrement contre les coups d’État, qu’ils soient militaires ou constitutionnels.
Je parle ici le langage de vérité.
Je suis déçu de voir tous les antifrançais devenir des pro coup d’État. Est-ce une crise de pensée ?
Que les anti-impérialistes comprennent que « ce n’est pas parce qu’on a froid qu’on sautera dans le feu ».
Les Peuples ouest-africains aspirent fondamentalement à trois choses: 1. la démocratie (capacités à choisir librement ses dirigeants par des élections libres, crédibles et inclusives); 2. la souveraine politique et économique (Que les intérêts des peuples priment sur ceux des pays étrangers partenaires et défendus par leurs dirigeants) et, enfin, 3. le développement (ne plus vivre dans la misère, trouver du travail décent, se soigner, s’éduquer, avoir un cadre de vie sain et vivre dignement).
Dans une République démocratique, lorsqu’un élu échoue à assumer les besoins aux citoyens et à les protéger, il y a trois moyens pour le sanctionner : 1. Ne pas l’élire aux élections prochaines; 2. Interpeller et rendre responsable sa gouvernance par les Députés de l’assemblée nationale ou la société civile et, enfin, 3. Le traduire devant la justice lorsqu’il commet de parjure, haute trahison, ou abus de pouvoir. Si ces instruments échouent, il faut trouver les moyens de les réformer.
Pour des défis spécifiques comme l’insécurité, le rôle primordial de l’armée est d’être efficace dans la stratégie de combats et user des instances de gouvernance sécuritaire (Conseil de Defense, Commission Défense et Sécurité du Parlement et autres) pour réajuster la politique voire la doctrine de défense du pays.
J’ai eu la chance, dans ma carrière professionnelle, de travailler avec les forces armées et de sécurité et je pourrais vous assurer qu’il existe des leviers démocratiques au sein de nos braves forces de l’ordre et de sécurité pour juguler des crises d’insécurité sans recourir à un coup d’État ou à une éruption dans la vie politique.
Chaque coup d’État a trois temps: 1. le temps de l’émotion où le Peuple, dans l’euphorie d’un changement éphémère, accorde une grâce totale sans confession à la junte; 2. le temps de questionnement et de doute où l’on réalise que les libertés recouvrées sont rapidement confisquées et que les maux du régime déchu reprennent surface: gabegie, corruption, chasse à l’homme, autoritarisme, populisme, négation de la démocratie etc. et, enfin, 3. Le temps de prise de conscience, de revendication, de récrimination et de contestation des nouvelles autorités.
Les leviers démocratiques sont indubitablement les seuls à même d’accompagner les Peuples africains à asseoir une gouvernance axée sur l’intérêt général, le bien-être des citoyens, la stabilité et le développement.
Le reste n’est que diversion. Revenons à l’essentiel: les régimes démocratiques en Afrique de l’Ouest.
Par Paul Amegakpo
