Le Président tunisien, Kaïs Saïed, a cru bon de jeter son dévolu sur les migrants sub-sahariens, histoire peut-être de faire d’eux des souffre-douleurs par rapport à l’exercice périlleux du pouvoir. Ils sont nombreux les pays de cette partie du vieux continent à avoir pris des dispositions urgentes en vue de porter secours à leurs ressortissants.

Ce n’est certainement pas le seul cas à être survenu sur le continent africain. Bien avant la Tunisie, certains pays comme celui de Nelson Mandela ont mené une chasse en règle contre des ‘’frères africains’’ devenus du jour au lendemain encombrants. C’étaient pourtant des gens soit réfugiés, soit présents pour bien d’autres raisons.

Rarement cependant, un Président de la République d’un pays, de surcroît membre de l’Union africaine, est lui-même monté au créneau pour s’en prendre dans des propos violents, racistes et haineux à des ressortissants sub-sahariens, pour la plupart originaires donc de l’Afrique noire. C’est sans doute révolté par la gravité et la dangerosité de tels propos que certains Chefs d’Etats sub-sahariens n’ont pas hésité un seul instant à organiser des vols-retour de leurs ressortissants vers leurs pays d’origine.

Au-delà des protestations internes et internationales, tout à fait légitimes, il y a lieu encore une fois de saisir cette malheureuse occasion pour rappeler certains de nos ‘’Mansa’’ à leurs obligations. Que les choses soient claires, il ne s’agit nullement de trouver un quelconque justificatif ou une quelconque excuse à Monsieur Kaïs, mais de tenter d’ouvrir les yeux une fois encore sur les raisons qui conduisent beaucoup de sub-sahariens vers des contrées souvent hostiles, et au risque parfois de leur vie et de leurs maigres avoirs.

Il ne faut donner du temps aux conjectures politiciennes, une certaine vérité, bien encore plus cruelle, est que les candidats à la migration ou à l’exil ne vivent pas du tout heureux dans leurs propres pays.

Au-delà des questions profondes de liberté ou de sauvegarde des droits humains, il y a que nos propres ‘’Mansa’’ se livrent la plupart du temps à des gestions calamiteuses. Conséquences ? Leurs compatriotes finissent par ne plus avoir de choix que de partir.

Partir pour espérer échapper aux conditions de vie calamiteuses, au manque criard d’emplois décents, aux insuffisances de soins de santé, aux mauvais états de nos routes, bref, à l’avenir compromis, à la honte.

C’est bien pourquoi, la meilleure réponse que nos ‘’Mansa’’ pourraient et devraient donner aux auteurs de maltraitance de leurs compatriotes, c’est de veiller, surtout veiller à leur créer le minimum de conditions décentes. Et non d’être obligés, sous la projection  de la lumière intéressée des caméras, de voler à leurs secours dans des situations quasi-avilissantes. Pauvres de nous !

La Rédaction