Paul Rusesabagina, farouche opposant au président rwandais Paul Kagamé et héros du film « Hôtel Rwanda », est arrivé aux Etats-Unis après sa libération vendredi et son passage par le Qatar, a annoncé mercredi la Maison Blanche.

« Je suis ravi d’accueillir Paul Rusesabagina aux Etats-Unis. Nous sommes heureux de l’avoir de nouveau sur le sol américain, et réuni avec sa famille et ses amis qui attendaient ce jour depuis longtemps », a déclaré Jake Sullivan, conseiller à la Sécurité nationale. « Je suis reconnaissant envers ceux avec qui nous avons collaboré étroitement au sein du gouvernement rwandais pour rendre cela possible », a-t-il ajouté.

Après plus de 900 jours de prison, M. Rusesabagina a été libéré en vertu d’un accord conclu entre les gouvernements américain et rwandais avec l’aide du Qatar, où il était arrivé lundi avant son départ pour les Etats-Unis. Sa fille Carine Kanimba, qui a tweeté que « notre famille est enfin réunie aujourd’hui », a confirmé son arrivée à San Antonio, au Texas.

Auparavant gérant d’un hôtel de la capitale rwandaise, M. Rusesagabina a sauvé des centaines de personnes pendant le génocide des Tutsi en 1994. Son histoire a été rendue célèbre par le film « Hôtel Rwanda », sorti en 2004. Il est par la suite devenu un farouche opposant du président Paul Kagamé, et a créé son propre parti politique.

Les pourparlers sur sa libération avaient débuté fin 2022 et une avancée s’est produite la semaine dernière lors de discussions entre le président Kagamé et l’émir du Qatar, a indiqué une source proche du dossier.

M. Rusesabagina vivait depuis 1996 en exil aux Etats-Unis et en Belgique, avant d’être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d’un avion qu’il pensait à destination du Burundi.

L’opposant a été jugé de février à juillet 2021 pour neuf chefs d’accusation, dont celui de « terrorisme », pour des attaques menées par le FLN, organisation classée terroriste par Kigali, qui avaient fait neuf morts en 2018 et 2019.

Paul Rusesabagina a admis avoir participé à la fondation en 2017 du Mouvement rwandais pour le changement démocratique (MRCD), dont le FLN est considéré comme le bras armé, mais il a toujours nié toute implication dans les attaques.

Lors du procès, M. Rusesabagina a déclaré qu’il avait participé à la création du groupe armé pour venir en aide aux réfugiés, mais qu’il n’avait jamais soutenu la violence et qu’il avait cherché à se distancier de ses attaques meurtrières.

Paul Rusesabagina a affirmé que son arrestation était une réponse aux critiques qu’il avait formulées à l’encontre de Paul Kagame au sujet de violations présumées des droits de l’homme. Le gouvernement de Kagame a nié à plusieurs reprises avoir pris pour cible les voix dissidentes en procédant à des arrestations et à des exécutions extrajudiciaires.

Son arrestation a été une source de friction avec les États-Unis et d’autres pays, à un moment où le gouvernement rwandais est également sous pression en raison des tensions avec la Republique démocratique du Congo et du projet britannique d’expulser les demandeurs d’asile.

Les défenseurs des droits de l’homme et d’autres personnes ont exhorté les autorités rwandaises à le libérer, affirmant que son état de santé était précaire. Dans une lettre datée d’octobre 2022 publiée vendredi par le gouvernement, Paul Rusesabagina  a assuré qu’il se tiendrait désormais éloigné de la vie politique.